L’auditorat militaire de Gombe s’attribue la compétence de connaitre les affaires civiles.

Ce qui se passe aujourd’hui au sein des instances judiciaires de la République Démocratique du Congo est à la fois ahurissant et révoltant. Que ça soit à la magistrature militaire qu’aux cours et tribunaux civils, la situation reste la même : c’est la dépravation de conscience, c’est le déni de justice. Personne ne s’en offusque outre mesure.
On croirait vraiment que des compatriotes sensés dire le droit, ont décidé délibérément de tirer le pays, leur patrie, par le bas. La sagesse biblique selon laquelle » la justice élève une nation » n’a plus aucun sens à leurs yeux.
Résultat, la République Démocratique du Congo devient une jungle, un territoire de non loi où le juge ne dit jamais le droit.
Pour des observateurs, la RDC est en ce moment dans une situation où sa justice est complètement désarticulée, au point que la compétence n’est plus d’attribution au sein de notre organisation judiciaire. Chaque juridiction, chaque cour, chaque tribunal, chacun peut connaître de toutes les matières selon son bon vouloir. Quant aux justiciables que nous sommes, il n’existe plus de juge naturel. Une notion désormais sans contenue donc.
C’est ainsi qu’un Kuluna en machette peut être poursuivi par la cour Constitutionnelle ; la constitution peut être interprétée par la cour d’Appel de Kinshasa/Matata; le Conseil d’Etat peut juger un policier en divagation. Malheureusement, l’organe compétent pour réguler le fonctionnement de notre Justice a décidé de jouer aux abonnés absents.
Dans ce désordre, un congolais habitant Kinshasa, civile de son état, en conflit de limite parcellaire avec une voisine civile elle-aussi, a été pris manu militari par les éléments de l’auditorat militaire de Kinshasa/Gombe ; des éléments (tenez-vous bien) porteurs d’un mandat d’amener dûment signé par l’auditeur général de Kinshasa/Gombe.
L’auditorat militaire qui connait d’une affaire civile, de surcroit un petit conflit foncier au niveau de Kintambo, c’est tout sauf une justice digne d’un Etat de droit.
La rocambolesque arrestation est intervenue le mercredi 21 septembre 2022 aux environs de 13 heures, au moment où ce monsieur sortait du super Marché GG Mart situé sur l’avenue Mondjiba dans la Commune de Kintambo.
Pris de force par ces militaires qui ne voulaient rien savoir, malgré les explications des policiers commis à la surveillance de ce super marché, l’infortuné va passer une nuit au cachot de l’auditorat militaire de Kinshasa/Gombe. Il ne sera libéré que le jeudi 22 septembre 2022, moyennant une grosse somme versée sans quittance au magistrat militaire instructeur. Ainsi libéré, le dossier déclassé sans suite, mais aussi curieux que cela parait, aucune solution concernant le mur mitoyen à problème. Un autre fait curieux, la voisine plaignante ne s’est jamais présentée à l’auditorat pour confrontation. Le juge, mieux le magistrat a empoche son butin, et point à la ligne. La prochaine, ça sera toute autre victime. Ainsi va la justice congolaise.
Monsieur le Président de la République, nous sommes conscients de la complexité de la tâche qu’il incombe à Votre Autorité. Mais lorsque les gens ne veulent pas changer, la manière forte s’impose.
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