Le Général Défao, de son vrai nom François Lulendo Matumona, se trouve déjà, il y a de cela deux jours, dans sa de dernière demeure, comme ‘’entre terre et ciel’’. Le Général laisse à ses mélomanes, que nous sommes, un riche répertoire dont son très célèbre tube ‘’Terminus’’.C’est dans ce dernier qu’il parle de cet héritage que nous venons d’évoquer ci-haut : ‘’Monument nakotika, banzembo nasala’’. Ce qui se traduit dans la langue de Claude François par : ‘’Le monument que je laisserai, ce sont les tubes que j’ai composés’’.Au début de ce tube qui a fait la pluie et le beau temps durant les années 80, l’auteur prophétise déjà sur sa mort avec des indications précises sur l’époque durant laquelle elle va avoir lieu.‘’Mokolo nakowa a a a a a, balela naga na matanga molayi te e e e e e e. Naboyi basusu ba profité e e e e e, po basala feti’’. Si Julio Iglesias l’avait interprété, il aurait dit en français : ‘’Le jour où je mourrai, qu’on n’organise pas de longues obsèques pour moi, de peur que certains ‘’anthropomorphes’’ viennent en tirer profit pour les transformer en fête’’.Le sens de ce phrasé se justifie par le fait que sa mort est intervenue durant le moment de la prévalence du corona virus. Une période durant laquelle le gouvernement frappe d’interdit, entre autres, l’organisation de très longues obsèques, comme cela se faisait dans les temps ‘’précoroniques’’.Par cette prophétie qui s’est accomplie, le Général vient d’entrer dans le panthéon des musiciens qui ont prophétisé sur leurs morts. Parmi eux, le poète Simaro Lutumba et Ndombe Opetum, pour ne citer qu’eux.Le premier parle, dans son tube ‘’Mabele’’, du jour de sa mort comme devant être signalé par un coup de foudre qui se fera entendre du ciel. Chose qui avait été vérifiée. Il ajouta : ‘’qu’on prenne ma tête et qu’on en fasse un monument’’. C’est celui que nous avons, à ce jour, sur le croisement des avenues 24 novembre et Nyangwe, à Lingwala, sa commune de résidenceContrairement au Général Defao qui interdit qu’on organise de longues obsèques autour de sa mort, de peur qu’on en fasse une fête, Ndombe Opetum, lui, voit déjà de loin le caractère festif dont sera revêtu son deuil.Selon lui, la ville de Kinshasa est devenue une façon caractérisée par le fait que là où se trouve le corps, c’est plutôt un lieu de fête.Le Général Défao et le poète Lutumba ont ceci de ressemblant que, ils parlent tous deux, dans leurs tubes respectifs ici concernés, du monument et de la foudre.Le poète parle du monument qui représentera sa tête et de la foudre comme signe par lequel on reconnaîtra sa mort.Le Général, par contre, parle de ses tubes qui seront érigés en monument après sa mort et de la mort elle-même comme étant aussi destructrice que la foudre.‘’Kake ebomi moto…, kake ya nzambe to ya bato’’. Vanessa Paradis, Palme d’or de la chanson française en 1990, l’aurait interprété en ces termes : ‘’La foudre vient de tuer un homme ; est-ce la foudre de Dieu, ou bien une foudre inventée de toutes pièces par les hommes’’.Pour un petit rappel sémantique, la foudre est une décharge électrique, par temps d’orage, entre des nuages et certaines fois entre les nuages et le sol, qui produit une vive lumière, dite ‘’éclair’’, et une violente détonation, dénommée ‘’tonnerre’’.Ce qui nous rappelle, en tant que ‘’letonnerre.info’’, cette triste nuit de lundi 27 décembre 2022, durant laquelle, au milieu d’un ciel serein, la foudre de la mort du Général Defao a frappé nos émotions. Le Général meurt à 63 ans, à quelques 4 jours de la Saint-Sylvestre, sa date anniversaire.Lorsque le Général dit dans cette chanson ‘’Terminus’’ : ‘’Mwana akende Poto azongi moweyi, espoir ya famille na mbeto ya lopitalo…’’, cqvd : l’enfant qui est parti vivre en Europe est retourné mort, espoir de la famille sur un lit de l’hôpital…’’, il veut plutôt parler de sa mort qui ‘’devra’’ avoir lieu à l’étranger, et qui a précisément eu lieu à Douala, à l’hôpital Laquintinie. Le Général a encore dit dans ce tube beaucoup d’autres choses dont nous vous épargnons les détails dans le cadre de cette publication.‘’La mort est un terminus’’, conclut-il en guise de refrain, avec au sommet vocal, la voix de son confident Debaba El Shabab, lui aussi paix à son âme.Dans l’expectative de la recréation, c’est-à-dire du jour où Dieu va recréer toutes choses, le Journal ‘’Le Tonnerre’’ souhaite au Général un beau séjour ‘’entre terre et ciel’’. En sa qualité de Général, Défao aurait droit à une foudre : c’est un ornement en forme de zigzag utilisé comme insigne parmi les officiers militaires de haut rang.Qu’à cela ne tienne, qu’il nous soit permis de solliciter qu’il soit quand même décoré d’une feuille de laurier : symbole de la gloire militaire et poétique, gloire qu’il aura en partage avec le poète Lutumba, en tant que poète et dont il a eu, de leur vivant, à interpréter les quelques derniers tubes.
St. G.E.