Les déclarations récentes de Néhémie Mwilanya affirmant que son mouvement « Sauvons la RDC » serait « un esprit qui canalise les aspirations du peuple » provoquent l’indignation d’une partie de l’opinion. Beaucoup de Congolais peinent à comprendre comment ceux qui ont été au cœur d’un régime ayant fragilisé la nation pendant des années peuvent aujourd’hui prétendre incarner le renouveau.
Le régime Kabila, auquel Mwilanya a appartenu, a laissé derrière lui un lourd héritage : insalubrité chronique, embouteillages permanents, pauvreté extrême, chômage de masse, népotisme, arbitraire et effritement des institutions. Ces souffrances n’ont jamais quitté la mémoire collective. Les Congolais savent encore ce qu’ils ont enduré durant cette période, marquée par la stagnation et l’absence totale de perspectives.
À cela s’ajoutent des accusations persistantes concernant les complicités entretenues par certains membres de cette coalition avec le Rwanda, le M23 et l’AFC. Une partie de la population estime que ces acteurs politiques ont non seulement participé à l’affaiblissement de l’État, mais ont également fermé les yeux — voire collaboré — avec ceux qui continuent de semer la terreur à l’Est et de menacer la souveraineté nationale. Pour beaucoup, ils figurent parmi ceux qui souhaitent la souffrance du peuple congolais, car le chaos profite à leurs ambitions politiques.
Cette responsabilité s’étend jusqu’aux maux qui frappent quotidiennement les Kinois : embouteillages interminables, routes délabrées, insalubrité récurrente, insécurité grandissante. Les citoyens ne comprennent pas comment ceux qui ont contribué à l’état lamentable de la capitale peuvent aujourd’hui prétendre compatir avec leurs souffrances. Pour eux, ce sont les mêmes acteurs qui ont laissé Kinshasa s’effondrer et qui cherchent aujourd’hui à se présenter comme des sauveurs.
Dans ce contexte, entendre certains anciens dirigeants affirmer vouloir « sauver le pays » apparaît comme une véritable provocation. Comment ceux qui ont contribué à mettre la RDC dans une crise profonde peuvent-ils se présenter comme des solutions ? Cette tentative de se repositionner en hommes d’État, sans autocritique ni reconnaissance des erreurs passées, relève d’une stratégie politique basée sur l’oubli volontaire et la manipulation de la mémoire collective.
La coalition portée par Néhémie Mwilanya n’échappe pas à cette contradiction. Elle tente de séduire l’opinion avec des slogans rassembleurs, mais elle peine à masquer son passé et ses responsabilités dans les crises successives que le pays a traversées. Pour de nombreux citoyens, elle représente moins une alternative qu’un retour à un système qui a déjà montré ses limites.
La RDC a besoin d’un leadership renouvelé, sincère et réellement engagé pour l’intérêt général — non d’un recyclage politique émanant de ceux qui ont participé à la dégradation du pays. Le véritable changement ne viendra pas de ceux qui ont longtemps ignoré les souffrances du peuple, mais de ceux qui assument leur histoire, se remettent en question et proposent une vision authentiquement tournée vers l’avenir. Le tonnerre
