Durant 107 pages reparties en 3 actes avec chacun autant de scènes (6 pour le premier, 5 pour le second et 4 pour le dernier), l’auteur met en vedette 19 personnages autour d’une série d’actions et de prises de parole qui mettent à nu les travers de la tradition telle qu’elle se pratique au sein de certaines de nos tribus.
Pour en parler, Patrick Puraman centre la trame de son drame sur les usages d’une tribu non autrement identifiée, en vertu desquels tout homme marié qui meurt laisse l’odeur de son cadavre planer à la fois dans sa maison et sur le corps de sa femme.
Cette dernière, pour s’en débarrasser, doit s’interdire de se laver pendant 4 semaines et, durant tout ce temps, accepter de passer toutes ses nuits à la porte des installations sanitaires, communément appelés W.C.
Ce cas entre ici en scène avec ‘’celui’’ dont le nom se trouve affiché sur la première de couverture de ce livre, en sa qualité de personnage central ; nous avons cité Alice.
Pour une brève définition de concept, ‘’calice’’ n’est à prendre ni dans son sens liturgique : ‘’coupe que le prêtre, durant le culte, remplit de vin transformé en sang de Jésus’’, encore moins dans son dito botanique :’’groupe de feuilles qui croissent ensemble pour protéger une fleur en croissance’’.
Le mot est plutôt à prendre dans son sens imagé à puiser dans l’expression ‘’boire le calice jusqu’à la lie’’, qui signifie ‘’souffrir une douleur ou un malheur jusqu’à épuisement’’.
L’assemblage des mots ‘’Calice d’Alice’’, qui constitue le titre de cette pièce de théâtre, est une figure de style dénommée paronomase et qui consiste à mettre sur une même construction les mots qui ont un même profil sonore. Cet assemblage des mots évoque ici au plus haut point, foi sur le sens imagé du mot que nous avons fourni ci-haut, la douleur qu’a subie Alice durant les méandres de l’histoire ici racontée.
Alice est, dès l’entame du livre, une femme nouvellement devenue veuve après la mort de Louis, son mari emporté, durant même la ‘’préhistoire’’ de la mise en écriture de cet ouvrage, par une pathologie qu’on a assimilée au coronavirus. Ce qui s’est justifié par le fait que le moment de sa mort venait de coïncider avec la survenue de la première vague de cette horrible pandémie.
Cela va donner lieu à tout le fil à retordre que va subir la dite veuve à qui la belle famille va faire voir de toutes les couleurs de la coutume ci-haut évoquée. Au-delà de ça, la pauvre veuve va se voir dépossédée d’une partie importante de son héritage marital.
A travers cette histoire, l’auteur veut voir reformées nos coutumes sous la lumière du modernisme.
Voilà ce qui justifie son choix de la pensée de l’écrivain français Jean d’Omersson que veuillez lire à la page 9 à titre d’épigraphe :
‘’La plus haute tâche de la tradition est de rendre au progrès la politesse qu’elle lui doit et de lui permettre en même temps de surgir de la tradition comme la tradition surgit du progrès’’.
Cette pièce de théâtre nous rappelle à l’inverse une autre histoire ; c’est celle intitulée ‘’Alice au pays des merveilles’’, un roman signé Lewis Carroll, écrivain britannique qui a pour vrai nom ‘’Charles Lutwidge Dodgson’’ et dont la célébrité a été portée au cinéma à travers cette merveilleuse histoire.
A la lumière de ce roman de Lewis Carroll :’’Alice au pays des merveilles’’, s’il nous est demandé de donner un titre de réserve à cette pièce de théâtre de Patrick Puraman, nous choisirons : Alice au pays des galères’’.
Bonne lecture à tous !
Saint-Germain Ebengo
