Face à la hausse du prix du blé, la FAO pour l’émergence de la filière manioc en RDC
La crise russo-ukrainienne a fait sombrer beaucoup de pays dans une crise alimentaire sans précédent, surtout ceux qui vivent aux dépens de ces deux pays en tant que principaux exportateurs de blé, de maïs, d’orge, d’huile végétale, de carburant et d’engrais sur les marchés mondiaux. Monsieur Aristide Ongome Obame, Représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture en République démocratique du Congo, l’a évoqué lors de la conférence de presse des Nations Unies où il a été l’invité spécial de Mathias Gillmann, Porte-parole civil de la MONUSCO et animateur attitré de ce programme de grande écoute de la Radio Okapi. A en croire le numéro Un de la FAO en RDC, l’impact de cette indésirable crise se fait de plus en plus remarquer dans la hausse du pétrole brut qui, à son tour, ne fait que s’intensifier, jusqu’à se situer à l’heure actuelle à 94 USD/baril, l’équivalent de 159 litres. L’assertion de Monsieur Aristide Ongome trouve son bien-fondé dans le fait que le prix du pétrole, en tant que prix vecteur de tous les autres prix sur le marché global, a, par ricochet, des répercussions sérieuses sur certains aliments de base, comme par exemple les céréales. Ces dernières, faut-il le mettre en exergue, représentent la plus grande part des produits alimentaires importés, suivies du sucre, des fruits, des légumes et du poisson. Près de 70 % de toutes les importations de blé de la RDC, révèle la FAO, proviennent de la Fédération de Russie et de l’Ukraine. Il s’avère pendant ce temps utile de noter que le blé représente un pourcentage relativement faible parmi les aliments de base consommés chez nous où la consommation alimentaire se compose essentiellement de manioc surtout sous ses deux aspects : fufu et chikwangue, sans laisser passer inaperçues ses feuilles que nous consommons pilées en guise de légumes. Cependant, le blé, sous sa forme panifiée, faut-il le reconnaître sous le contrôle de l’agence onusienne en charge de l’agriculture et alimentation, constitue un aliment de base très important dans les milieux urbains de la RDC. L’exemple le plus frappant, c’est la ville de Kinshasa où chaque matin vous voyez les vendeuses des pains faire du porte-à-porte, souvent à la criée. Le Représentant pays de la FAO en RDC fait savoir que ces consommateurs spéciaux se plaignent de la forte augmentation du prix du pain qui est passé ces derniers temps de 500 à 750 CDF, depuis le début de la guerre russo-ukrainienne et pendant que les salaires n’ont pas suivi. Foi sur la documentation de la FAO, en dehors du pain, à Kinshasa, les prix d’autres denrées alimentaires sur les marchés locaux n’ont que faiblement augmenté, avec une légère inflation hebdomadaire. Contrairement aux denrées alimentaires, Monsieur Aristide Ongone Obame révèle que la tendance à la hausse de certaines matières premières comme le cuivre, le cobalt et le zinc, consécutive à cette crise ukrainienne, ne pourrait qu’être avantageuse pour la République Démocratique du Congo, en sa qualité de grande productrice de ces matières premières sus-évoquées. ‘’Le conflit ukrainien n’a pas seulement un impact sur les prix, il crée également des complications supplémentaires pour les opérations logistiques mondiales’’, dixit Aristide Ongome. C’est le cas des coûts du transport maritime par conteneurs qui ont subi un réajustement à la hausse à cause, bien sûr, de la rarefaction du carburant. Cette rarefaction a de l’impact même sur le transport taximétré tant ici à Kinshasa que dans les provinces de la République Démocratique du Congo. ‘’Pour un pays comme la RDC qui connaît déjà d’importants problèmes d’approvisionnement, cela peut avoir un impact important sur la disponibilité de ses différents produits importés’’, a souligné le Représentant de la FAO. L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture en République Démocratique du Congo se dit consciente de cette situation et promet de mettre en place un système résilient devant permettre à la RDC de valoriser au mieux sa production locale. Il s’agit de ses deux initiatives respectivement dénommées ‘’Un pays, un produit prioritaire’’ et ‘’Main dans la Main’’. A travers la première initiative, la FAO se déclare prête à venir à la rescousse de la filière manioc qu’elle dit offrir des possibilités vitales sous le triple rapport de l’alimentation, de la création d’emplois et des revenus. Au regard de la seconde initiative, la FAO promet d’accompagner le gouvernement congolais dans la mise en œuvre de ses politiques publiques en vue de sa meilleure émergence agro-rurale. Saint-Germain Ebengo