Alors que la guerre continue de ravager l’Est de la République démocratique du Congo, causant morts, déplacements massifs et souffrances indescriptibles aux populations civiles, une partie de la classe politique et de la société civile congolaise insiste pour l’organisation d’un dialogue national inclusif. Une question fondamentale s’impose alors : en quoi ce dialogue, organisé entre Congolais, peut-il résoudre une guerre imposée de l’extérieur ?
La crise sécuritaire à l’Est de la RDC n’est pas un conflit interne classique. Elle est largement documentée comme une agression étrangère, avec l’implication directe du Rwanda et de ses supplétifs du M23/AFC. Face à cette réalité, vouloir recentrer le débat sur un dialogue interne relève soit d’une grave erreur d’analyse, soit d’une manœuvre politique intéressée.
Dialoguer entre Congolais, pour régler quel problème ?
Dialoguer entre Congolais peut avoir du sens lorsqu’il s’agit de régler des différends politiques internes, des crises institutionnelles ou des tensions sociales. Mais aujourd’hui, le cœur du problème n’est pas un désaccord entre Congolais. Le vrai problème, c’est l’occupation de certaines parties du territoire national par des groupes armés soutenus par un État voisin.
Pendant que les populations de l’Est fuient les bombes, les pillages et les massacres, certains à Kinshasa et ailleurs parlent de dialogue comme si le problème venait d’un manque de consensus national. Or, aucun dialogue interne ne fera reculer l’armée rwandaise, ni désarmera le M23.
Un dialogue poussé par des intérêts personnels
Il est difficile d’ignorer un fait : ceux qui poussent avec le plus d’acharnement l’idée d’un dialogue national inclusif aujourd’hui sont, pour la plupart, des acteurs politiques ou sociaux en marge du pouvoir, sans responsabilités réelles dans la gestion de l’État. Leur objectif semble moins être la paix à l’Est que l’intégration dans les “affaires”, l’obtention de postes, de financements ou d’une visibilité politique.
Le dialogue devient alors un raccourci politique, un moyen de se repositionner, de négocier des parts du gâteau, pendant que le pays saigne. Instrumentaliser la souffrance des populations de l’Est pour régler des ambitions personnelles est non seulement irresponsable, mais moralement condamnable.
Par ailleurs, la RDC dispose de plusieurs autres options pour faire face à cette guerre :
une diplomatie offensive et cohérente,
l’activation effective des mécanismes régionaux et internationaux,
le renforcement de l’armée et du renseignement,
une communication nationale claire qui mobilise le peuple autour de la défense du territoire.
Insister sur un dialogue national inclusif aujourd’hui, sans résoudre d’abord la question centrale de l’agression à l’Est, revient à détourner l’attention du vrai problème. Ce dialogue, dans le contexte actuel, ne mettra ni fin à la guerre ni fin aux souffrances des populations. Il risque plutôt de devenir un forum de partage de postes et d’intérêts, loin des réalités du front.
La RDC n’a pas besoin d’un dialogue de plus.
Elle a besoin de justice, de fermeté, de souveraineté et de solutions concrètes face à l’agression. Rédaction