Depuis plusieurs années, la population congolaise fait face à une guerre injuste, ancienne et complexe dans l’Est de la République démocratique du Congo. Une guerre qui ne date ni d’hier, ni d’un régime, ni d’un seul événement, mais qui s’étend sur plus de trois décennies, nourrie par des intérêts géopolitiques, économiques et des infiltrations multiples.
C’est dans ce contexte que certaines prises de position du cardinal Fridolin Ambongo suscitent aujourd’hui de profondes interrogations au sein de l’opinion nationale. En affirmant que le dialogue aurait pu éviter les morts lors de la prise de Bunagana, le cardinal donne l’impression de réduire une guerre de plus de 30 ans à un épisode précis, tout en orientant implicitement les responsabilités vers les autorités actuelles.
La question centrale demeure : comment un dialogue interne aurait-il pu stopper une agression extérieure et un conflit reconnu comme ancien et transnational ? Pourquoi focaliser le débat sur Bunagana, alors que la guerre a traversé plusieurs régimes, plusieurs accords et plusieurs tentatives de paix ?
Plus troublant encore, cette posture s’inscrit dans une constance de critiques dirigées presque exclusivement contre le Président Félix Antoine Tshisekedi, pourtant engagé sur plusieurs fronts — diplomatique, militaire et régional — pour mettre fin à l’insécurité dans l’Est. Cette attitude donne l’impression d’un acharnement politique plutôt que d’un appel pastoral à l’unité.
En tant qu’homme de Dieu, le cardinal Ambongo était attendu au centre du village, dans un rôle de médiateur, de rassembleur et de consolateur d’un peuple meurtri. Or, ses déclarations publiques, tout comme certaines de ses fréquentations et déplacements, alimentent un malaise : à qui profite ce discours qui fragilise l’unité nationale en temps de guerre ?
La CENCO et l’ECC, institutions religieuses respectées, risquent aujourd’hui de voir leur mission spirituelle se diluer dans des postures perçues comme politiques. Le peuple congolais attend d’elles un message de paix, de cohésion et de soutien à la souveraineté nationale, et non des prises de position qui semblent accentuer les clivages.
La population congolaise n’est ni aveugle ni naïve. Elle observe, analyse et questionne. Elle comprend que la RDC a été infiltrée à plusieurs niveaux et reste vigilante face à toute attitude susceptible de servir des intérêts autres que ceux de la nation.
Dénoncer ces manœuvres perçues ne signifie pas s’attaquer à la foi ou à l’Église, mais exiger la responsabilité, la neutralité et la hauteur morale de ceux qui se réclament guides spirituels. En période de guerre, chaque mot compte. Chaque silence aussi.
Aujourd’hui plus que jamais, le Congo a besoin d’unité, de lucidité et de patriotisme, pas de discours ambigus qui affaiblissent la lutte collective pour la paix et la souveraineté nationale. Le tonnerre