
L’un des maux chroniques dont souffre la République Démocratique du Congo et qui plombe le processus de son émergence, c’est bien la politisation à outrance de l’administration publique et son instrumentalisation par certains décideurs du pays. Cette situation est caractérisée par le fait que chaque Ministre, par exemple, qui arrive à la tête d’un ministère veut coûte que coûte contrôler les services techniques sous sa tutelle, en y plaçant ses hommes, même s’ils n’ont pas de profil requis pour la tâche.
C’est ainsi que depuis le 15 octobre 2024, on a placé au poste d’inspecteur Général de l’Education Nationale une personne détentrice d’un diplôme d’Etat ( un D6), avec un parcours claire-flou comme enseignant ou inspecteur de l’enseignement!
Alors que son prédécesseur, Jacques Odia Musungayi est un licencié qui a intégré le secteur de l’Education Nationale comme enseignant debout. Vu son assiduité et la qualité de son travail, il va gravir graduellement tous les échelons de responsabilité au sein de l’enseignement primaire, secondaire et technique jusqu’à assumer les charges de Directeur d’études d’abord, puis Préfet des Etudes.
Muté à Mbandaka dans la Province de l’Equateur, Jacques Odia Musungayi est nommé Chef d’Etablissement d’un important complexe scolaire dans cette ville où il a réussi à conquérir l’estime des parents d’élèves de Mbandaka à cause de la qualité de son travail de formation et d’encadrement des jeunes.
En 1995, il participe au concours de recrutement des inspecteurs. En attente des résultats du concours, il rentre à Kinshasa, après avoir perdu son poste de Chef d’Etablissement à Mbandaka suite à cette politique des originaires au sein de l’administration publique. Comme il ne voulait pas rester sans travailler, il prendra de nouveau la craie comme enseignant debout dans quelques écoles secondaires, avant d’être finalement admis, en 2000 dans le corps des inspecteurs de l’EPST, en qualité d’inspecteur itinérant.
Lors du régime 1+4, Mr Gustave TABEZI, qui a connu Jacques Odia Musungayi à Mbandaka comme un Chef d’Etablissement très compétent, devient Ministre de la fonction publique au sein du Gouvernement de transition. Vu son expertise et son expérience dans ce domaine, ce Ministre va le nommer comme son Directeur de Cabinet de 2003 à 2005.
C’est à ce titre que le Ministre Gustave TABEZI va charger le Dircab Jacques Odia Musungayi de piloter les négociations de Mbudi à Kinshasa entre le Gouvernement et le banc syndical de l’administration publique et interprofessionnels; lesquelles d’ailleurs ont donné naissance au fameux barème de Mbudi.
Aussi incompréhensible que cela puisse paraître, c’est cet homme qui a donné de son expertise et de son savoir-faire que d’aucuns voudraient, pour des considérations politiciennes, jeter en pâture, alors même que la nation à encore grandement besoin de cette éminence grise pour veiller à la qualité de l’enseignement dispensé aux enfants congolais, nos enfants, avenir de demain. Dans des pays sérieux, on ne peut jamais confier ce domaine aux charlatans.
Pour amener l’opinion à mieux comprendre que la mise à l’écart de cet inspecteur de carrière constitue une faute politique grave, on doit ajouter que Jacques Odia Musungayi, c’est 37 ans d’expérience dans l’enseignement, dont 13 comme enseignant dans plusieurs écoles à travers le pays et 24 comme inspecteur et Chef de ce corps depuis mai 2021 jusqu’à son départ le 16 octobre 2024.
Et donc, trois ans de bons et loyaux services rendus à la nation, au cours desquels il a œuvré à l’amélioration de la qualité de l’enseignement pendant cette période difficile de mise en place de la gratuité de l’enseignement au niveau primaire, décidée par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
À noter que comme inspecteur, l’expérimenté Odia Musungayi a connu et travaillé avec les Ministres Musafiri, Maker Mwangu, Musemena,Okundji, Bakonga, Tony Mwaba et Madame Raissa Malu. Avec cette dernière, il a collaboré en parfaite harmonie dans l’organisation réussi des dernières épreuves de TENAFEP et de l’examen d’État 2023- 2024.
Pour rappel, l’Inspection Générale de l’Education Nationale est un service technique de ce ministère, chargé de la formation, du contrôle et des évaluations certificatives. il s’agit donc d’un organe hautement spécifique dans ce domaine qu’on ne peut laisser entre des mains inexpertes.
Nous ne disons pas que l’ancien IG est irremplaçable, loin s’en faut. Notre souci est de ne pas voir des personnes sans profil ni parcours professionnel avérées trôner à la l’Inspection Générale de l’Education Nationale et Nouvelle Citoyenneté. Cela constitue un danger non seulement pour l’avenir de nos enfants, mais aussi et surtout de notre pays, la République Démocratique du Congo.
Raison pour laquelle nous conseillons que chaque fois qu’aura à nommer les fonctionnaires à la tête des services publics, on devra obligatoirement se baser sur les critères de compétence, d’éthique professionnelle et de moralité, et non sur des critères subjectifs. Que font les services d’intelligence qui semblent ne pas aider, à fournir les éléments nécessaires à ceux qui ont le pouvoir de nommer ???
Nous y reviendrons.
AMC