Mon cri de père : stop au féminicide et à l’horreur faite aux femmes congolaises

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Aujourd’hui, 25 novembre, en ce jour solennel où le monde entier se mobilise pour dire NON à la violence faite aux femmes, je prends la parole.
Je parle d’abord comme un homme, mais surtout comme un être façonné par l’amour d’une femme : je suis le fils de ma mère, et je suis le père de deux filles.
C’est cette identité profonde qui me pousse à m’indigner.
Ce qui se passe dans notre pays, la République démocratique du Congo, est une honte nationale, une urgence humanitaire, une insulte à la dignité des femmes congolaises.

En 2025, la campagne « TOUS UNIS pour mettre fin à la violence numérique contre les femmes et les filles » a pour objectif de mobiliser tous les membres de la société : les gouvernements doivent mettre fin à l’impunité en adoptant des lois qui la pénalisent ; les entreprises technologiques doivent garantir la sécurité des plateformes et supprimer les contenus préjudiciables ; les donateurs doivent fournir des fonds afin que les organisations féministes puissent œuvrer à l’éradication de cette violence ; et les personnes comme vous doivent faire entendre leur voix pour aider les survivantes.

La ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, Mme Micheline Ombaé Kalama, a présenté hier les activités prévues entre le 25 novembre et le 10 décembre, dans le cadre des 16 Jours d’Activisme. C’est un bon signal, mais j’insiste : il faut que le gouvernement passe enfin des mots aux actes, en condamnant publiquement et fermement les bourreaux pour décourager ces pratiques ignobles.

Pourquoi notre colère est légitime?

  1. Une violence qui tue, une violence qui terrorise

Dans certaines régions, surtout à l’Est de la RDC, les femmes sont ciblées parce qu’elles sont vulnérables.
Elles y sont objectifiées, traitées comme des trophées ou des instruments de domination, et non comme des êtres humains.
Le viol y est une arme de guerre, destinée à terroriser, détruire et démolir des familles entières.

  1. Des chiffres alarmants
    • Août 2025 : 186 allégations de VBG au Nord-Kivu, dont 166 viols (~89 %).
    • Juin 2025 : 247 cas, dont 93 % de viols (CSDF-IRDC).
    • Juillet 2025 : 208 allégations, dont 178 viols (86 %).
    • Janvier–juillet 2025 : 96 violences sexuelles liées au conflit, soit +60 % par rapport à 2024 (ONU-Femmes).
    • L’UNFPA rapporte des centaines de cas chaque semaine, avec pénurie de kits post-viol.
    • L’UNICEF estime qu’au plus fort du conflit, un enfant était violé toutes les 30 minutes.

C’est une réalité dramatique. Une réalité que l’on doit nommer : un féminicide continu, un massacre silencieux des femmes congolaises.

  1. L’impunité perdure

Les agresseurs échappent souvent à la justice.
Les structures de prise en charge sont insuffisantes.
Les survivantes manquent de soins, de soutien psychosocial, d’accompagnement.

  1. La justice doit parler, le gouvernement doit agir

Je salue l’initiative du président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), M. Paul Nsapu, qui vient de lancer une formation d’enquêteurs pour mieux documenter et instruire les cas de VBG.
C’est une avancée importante, mais elle ne doit pas être la dernière.
Chaque agresseur, en particulier dans les cas de viols et de meurtres, doit être poursuivi et condamné.

Mon appel : un cri du cœur et de la raison
• Au gouvernement de la RDC : Condamnez sans ambiguïté les auteurs de violences contre les femmes. Que les 16 Jours d’Activisme débouchent sur des décisions fortes, des sanctions exemplaires, et des services de soutien renforcés.
• Aux institutions judiciaires : Rendre justice rapidement et équitablement. Que les bourreaux soient arrêtés, jugés et condamnés selon la loi.
• À la communauté internationale : Apporter un soutien concret : ressources médicales, structures psychosociales, refuges, accompagnement.
• Aux hommes congolais : Ce message nous concerne tous. Nous sommes fils, frères, pères. Comment accepter que celle qui nous donne la vie soit humiliée, battue, violée ou tuée ? Nous devons rompre le silence.
• Aux femmes du Congo : Vous n’êtes pas seules. Votre combat est légitime, votre dignité est inaliénable.

Une métaphore puissante : l’héritage de Camara Laye

Dans L’Enfant noir, la mère est une figure sacrée : protectrice, sage, centrale.
Cette femme africaine n’est pas un symbole lointain : c’est ma mère, ta sœur, ta fille, notre nation.

Alors pourquoi nos récits honorent-ils nos mères, tandis que notre réalité les expose aux pires violences ?

Quand on touche à une femme, c’est toute une nation qu’on blesse.

Par Mingiedi Mbala N’zeteke
Activiste, Penseur et Notable de Madimba

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