RDC/Fête de l’arbre à l’école Sacré Coeur à Righini : La conteuse Gaël Mabanza apporte ses bons offices au conflit homme-animal devant 752 élèves

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En marge de la journée de l’arbre qui a eu lieu le 5 décembre dernier, sous le thème : mobilisons-nous, deux  »millions d’arbres pour des villes vertes et durables », le Complexe Scolaire Sacré Coeur à Righini, commune de Lemba, à Kinshasa, a servi de cadre, vendredi 13 décembre, à une performance signée Gaël Mabanza, une conteuse professionnelle hors-pair, devant un auguste parterre d’enfants évalués à 752 élèves du primaire, filles et garçons rassemblés, à travers des travées de chaises installées à la cour de recréation.

L’événement a coïncidé avec la fin des examens du premier trimestre au niveau de l’école, mais aussi avec le tout dernier jour des activités pour les élèves.

Madame Gaël Mabanza, officiellement invitée par la Soeur Annie Nzila, directrice du dit complexe, qui célébrait en même temps son  »ixième » anniversaire, avait pour rôle, à travers son conte intitulé : Dispute Interminable, Conflit Homme-Animal, celui de démontrer aux bleus-blancs de l’école hôte l’importance de la forêt dans la vie de l’être humain.

Durant sa performance de plus d’une heure, sur un fond tam-tamisé et maracassé, la jeune conteuse, riche en verve oratoire, a réussi à ouvrir aux enfants toutes les portes de l’imaginaire qui leur ont permis de faire un voyage dans l’esprit à travers le temps, avec tous les avantages que cela procure sur le double plan ludique et pédagogique.

À l’entendre conter d’une voix qui résonne encore jusqu’au moment actuel, ce récit, tiré de son ouvrage qui sera bientôt publié, retrace l’histoire d’un village dont le visage de la pauvreté avait l’air d’être l’éclat d’une sombre étoile, la misère et le désespoir s’entrelaçant suite aux braconnages et aux interfaces forêts.

Au centre de son histoire, faut-il le souligner, elle a évoqué la problématique de la chasse aux gibiers par l’homme, en quête permanente de la viande de brousse, ainsi que celle de la coupe sauvage des bois.

L’animal, non disposé de s’en réjouir, voilà ce qui justifie la raison de ce procès homme-animal qui n’a que trop duré.

À en croire Gael, dans sa quatrième de couverture, cette problématique suscite de grandes préoccupations , à cause à la fois du risque d’épuisement des ressources naturelles et de ses répercussions délétères sur à la fois l’économie et l’environnement mondiaux.

C’est ce qu’elle a expliqué lors de la brève interview qu’elle nous a accordée dans le bureau de madame la directrice, à l’issue de sa performance.

 »Ce conflit homme-animal est né de nos activités extratives qui ne tiennent pas compte de l’espace vital des animaux. L’homme est jusqu’ici ignorant du rôle que jouent les espèces animales : carnivores, herbivores, insectes et autres, dans la bio-diversité ».

Même son de cloche chez madame la directrice, Soeur Nzila, qui n’a pas hésité de mettre en exergue sa devise en tant que religieuse :  »Justice, Paix et Intégrité de la Création ».
 »C’était important d’apprendre aux enfants le respect de l’environnement, surtout que, il y a de cela une semaine, nous venons de fêter la journée de l’arbre », a-t-elle souligné avant de poursuivre son fil d’idées :

« Ce sont là des valeurs qu’il faut intégrer aux enfants : leur montrer l’importance de la forêt et des animaux. Nous voyons des enfants tuer gratuitement des animaux ; or, on ne peut pas tuer un animal n’importe comment sans raisons valables. C’était donc vital de leur montrer et leur apprendre le respect de la vie », parole de la religieuse.

Les enfants, quant à eux, ont compris à la perfection que dans cette histoire, riche en leçons morales, le noeud du conflit dans ce village entre l’homme et l’animal se trouvait au niveau du fait que les humains voulaient protéger leur vie au détriment de celle des animaux. Pendant qu’ils jubilaient d’avoir des animaux comme nourriture, ces derniers ne pouvaient pas se laisser faire. Leur conflit avec la forêt, à travers la coupe non régularisée des bois, est à mettre dans le même ordre des choses.

C’est dans ce même ordre d’idées que Mademoiselle Immaculée Ngomba Kankolongo, 5è année  »B », n’a pas hésité d’élever sa voix d’enfant pour dire non à cette pratique, dans une langue de Maurice Grévisse bien maniée.

Elle a vanté les mérites de l’arbre dans lequel il a reconnu sa capacité de nous nourrir, de nous procurer des fruits, de l’ombrage et autres bienfaits tels que sa participation dans la lutte anti-érosive et dans l’oxygénation. C’est sans oublier sa régulation du climat, ni son rôle de servir d’abri aux oiseaux.

La soif de connaître davantage sur cette question de l’environnement, suscitée par la double approche ludique et pédagogique, que leur a apportée madame Gaël, a fait naître en elle, l’a-t-elle avoué, sa passion de devenir environnementaliste, une fois adulte.

Esther Mbelu Kabuya de la 4è année  »B » a, elle aussi, eu voix à ce volumineux chapitre d’écologie :

 »Nous sommes venus remercier la plante pour avoir donné à la République Démocratique du Congo, notre beau pays, ainsi qu’à notre belle école, de l’oxygène dont nous avons besoin pour notre respiration. Si elle n’existait pas, nous ne savons pas ce que nous aurions été. Nous remercions aussi madame Gaël pour ce conte ô combien merveilleux, qu’il nous a fait l’honneur de nous apporter ».
C’est ici que, faut-il le reconnaître, le chemin de l’école a croisé celui de l’écologie.

Le Complexe Scolaire Sacré Coeur constitue donc l’étape pilote de la longue tournée de sensibilisation que se propose de faire Gaël Mabanza autour de cette problématique environnementale et en même temps au sujet de son livre qui se vérifie être le tout premier ouvrage sensibilisateur sur la bio-diversité en République démocratique du Congo.

Il va, à n’en point douter, en tant que manuel, apporter un plus au programme scolaire institué par le ministère de l’Éducation nationale et Nouvelle citoyenneté.

Elle sollicite à cet effet l’implication personnelle du gouvernement pour que cette tournée de sensibilisation, qui a jusqu’ici l’air locale, prenne des dimensions d’une randonnée de conscientisation à l’échelle nationale, en vue de lui permettre, avec son équipe, de faire arriver l’information dans nos villages, nos parcs et nos forêts, épicentres de cet épineux problème, allusion faite à cet éternel procès homme-animal.

La prolifique conteuse compte au niveau des écoles créer ce qu’elle a dénommé  »des clubs verts » où l’on apprendra aux enfants comment planter et faire des reboisements.

Elle a déploré dans la foulée la coupe sauvage des mangroves, autrement dits  »palétuviers », qui se fait à l’heure actuelle dans la cité côtière de Muanda, dans le Kongo central.

Ces arbres qui croissent sur les rives de l’océan atlantique et aux approches de l’embouchure du fleuve Congo, madame Gaël les a définis comme étant des garde-fous de protection de la cité de Muanda contre les débordements des eaux de l’océan et sans lesquels la cité côtière de Muanda serait déjà engloutie dans la fureur des eaux océaniques.

 »Ces hommes, sans informations ni conscience, se permettent, à qui mieux mieux, de couper abusivement cette végétation des mangroves, pourtant très vitale pour leur survie », a-t-elle fait savoir.

À propos justement des eaux, elle a déploré ceux qui y jettent des déchets plastiques jusqu’à créer des problèmes, non seulement de la pollution, mais aussi celui de l’indisposition de la vie des animaux marins, cas de la tortue marine à Muanda.

Elle a parlé de cette dernière comme étant exposée à sa disparition que risquent de causer les hommes de la cité côtière qui viennent à tout bout de champ lui ravir ses oeufs.

Elle a aussi fait un clin d’oeil à la forêt Équatorial, surtout par rapport à son pouvoir de séquestration de carbonne qui fait que le Brésil, qui est réputé avoir le plus grand poumon environnemental du monde, à savoir l’Amazonie, passe en second plan en laissant la première place à la République Démocratique du Congo.

Cette première place, Gaël Mabanza veut que la RDC continue à la maintenir à travers une bonne politique de protection et de conservation de son environnement.

AU SUJET DE L’OUVRAGE

 »Dispute interminable, Conflit Homme-Animal » est une auto-édition de 126 pages, sous expectative d’être imprimée chez Médiaspaul, maison championne en matière de manuels scolaires.

L’ouvrage porte la préface de madame Ève Bazaïba, Ministre d’État, Ministre de l’Environnement et de Développement Durable.

Dans son contenu, l’auteure appelle l’homme au respect strict de la nature. Elle y insiste, soit-il de manière explicite ou implicite, sur le fait que l’on ne peut pas parler de la forêt sans évoquer ces deux personnages à couteaux tirés, à savoir l’homme et l’animal, auxquels elle vient apporter ses bons offices, en s’érigeant, à travers l’écriture, en résolutrice des conflits.

La sortie de l’ouvrage qui aura lieu dans les tout prochains jours est fonction de son agrément de la part du ministère de l’Éducation nationale et Nouvelle citoyenneté qui est déjà, comme disent les anglophones, dans le pipeline.

À en croire Gaël,  »Dispute Interminable, Conflit Homme-animal » est un ouvrage de référence qui ne tient pas compte de l’âge des gens ni de leurs niveaux d’étude respectifs.

 »Il est adaptable à tous les niveaux, de l’élève du primaire à l’universitaire en passant par celui du secondaire », a-t-elle fait un tirage au clair.

Dans sa leçon qu’elle compte partager avec ses lecteurs, elle démontre, faut-il le rappeler, l’importance de l’arbre qui rend la vie plus respirable ainsi que son rôle sine qua non au maintien de la vie sur terre.

Foi sur les avis et recommandations des experts en Langue française, Biologie et Histoire, du département de direction des programmes scolaires et matériel didactique du ministère de l’Éducation nationale et Nouvelle citoyenneté, « Dispute Interminable, Conflit Homme-Animal » est un recueil de contes élaboré sur de nouvelles initiatives méthodologiques et pédagogiques d’enseignement, sur base d’une tradition orale populaire destinée à une lecture à la fois divertissante et plaisante par des récits, des pièces théâtrales, des contes et des historiettes, en vue d’un enseignement de l’éducation environnementale et du changement climatique qui occasionne la menace des espèces animales due à la destruction de la forêt, de la savane, de la flore et de l’environnement par des effets du braconnage et ceux du gaz à effet de serre.

BREF APERÇU BIOGRAPHIQUE DE L’AUTEURE

Gaël Mabanza est titulaire d’un diplôme universitaire en Relations Internationales, obtenu à l’université Pédagogique Nationale, à Kinshasa. Elle est Présidente Fondatrice de l’asbl AAELM, entendez : Association des Anciennes Élèves du Lycée Movenda.

Elle est de surcroît Directrice Artistique de  »Théâtre de La Passerelle » où il n’y a en elle aucune incompatibilité entre son statut d’artiste conteuse et celui de comédienne doublée de dramaturge.

Son entrée dans l’art serait justement une passe réelle en or lui faite par sa très forte passion qu’elle a toujours eue, depuis sa fleur de l’âge, pour ce domaine où elle est confirmée être riche à la fois en ressources artistiques et en sources d’inspirations.

Elle est, faut-il le dire comme du fil en aiguille, auteure de plusieurs oeuvres inédites : Contrat signé, Nambali, La fille du bois, Nature en deuil…

Saint-Germain Ebengo

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