L’Alliance du Fleuve Congo (AFC-M23) s’impose aujourd’hui comme une force politico-militaire qui sème le chaos et la désolation en République Démocratique du Congo. Cette énième rébellion, supplétive du régime rwandais, a pour visage congolais Corneille Nangaa, un ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), devenu l’un des visages de cette organisation. Mais dans l’ombre, un autre homme semble tirer les ficelles : Joseph Kabila. L’ancien président de la RDC, connu pour sa discrétion et son pragmatisme stratégique, apparaît comme l’architecte de ce mouvement dont l’objectif ultime serait son retour au pouvoir, quitte à embrasser les méthodes les plus controversées, y compris la violence militaire.
Voici cinq raisons qui font de Joseph Kabila le véritable parrain de l’AFC.
- L’héritage du PPRD et la continuité politique
L’AFC-M23 ne surgit pas de nulle part. Ce mouvement trouve ses racines dans une dynamique politique qui rappelle fortement le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), ancien parti présidentiel sous Kabila. De nombreux cadres de l’AFC sont d’anciens fidèles du régime kabiliste, ce qui suggère que cette rébellion pourrait être une nouvelle façade pour poursuivre les ambitions politiques de l’ex-président sous une autre forme. Cette continuité s’observe dans les discours, les alliances et les méthodes employées.
- Un soutien discret mais structuré
Officiellement, Joseph Kabila s’est retiré de la politique active. Pourtant, plusieurs éléments laissent penser qu’il apporte un soutien logistique et financier à l’AFC-M23. Plusieurs de ses proches ont été aperçus aux côtés des figures clés du mouvement. De plus, certaines ressources et circuits financiers qui étaient autrefois associés au PPRD semblent désormais être au service de cette rébellion. Ce soutien souterrain permet au mouvement de se structurer et de mener des opérations de déstabilisation à grande échelle.
- Une opposition stratégique au régime actuel
Depuis son départ du pouvoir en 2019, Joseph Kabila n’a jamais totalement quitté la scène politique. L’AFC-M23 partage de nombreuses positions avec lui, notamment le rejet des résultats des élections du 20 décembre 2023. Le discours du mouvement reprend également des éléments clés du narratif kabiliste : dénonciation du régime actuel, revendication de la souveraineté nationale et appel à une refonte du système politique congolais. Ce positionnement ne relève pas du hasard, mais d’une volonté manifeste de conserver une influence sur le destin du pays.
- La mainmise sur des réseaux politiques et militaires
L’un des atouts majeurs de Joseph Kabila est son vaste réseau, tissé au fil de ses 18 années au pouvoir. Bien qu’il ait officiellement quitté la présidence, il conserve une influence considérable dans plusieurs cercles stratégiques, notamment au sein de l’armée et des services de renseignement. Ces connexions permettent à l’AFC-M23 d’opérer avec une certaine impunité, bénéficiant d’appuis internes et externes. Ces complicités dans les hautes sphères de l’État facilitent la progression du mouvement et posent un véritable défi sécuritaire pour la RDC.
- Une stratégie de long terme pour un retour au pouvoir
Joseph Kabila a toujours fait preuve d’une patience et d’une stratégie redoutables. En soutenant l’AFC-M23, il pourrait chercher à orchestrer un retour en force, que ce soit en personne ou à travers des figures de confiance. Son objectif semble clair : reprendre le contrôle du pouvoir en 2028 ou, à défaut, peser suffisamment sur la transition politique à venir. En entretenant l’instabilité, il espère se positionner comme une alternative incontournable à la crise actuelle, jouant sur l’usure du régime en place.
Un peuple vigilant face à une stratégie dangereuse
L’influence de Joseph Kabila sur l’AFC-M23 est une évidence qui ne saurait être ignorée. S’il continue à manœuvrer dans l’ombre, les connexions, les financements et les stratégies adoptées par ce mouvement en font une menace réelle pour la stabilité de la RDC. Toutefois, le peuple congolais n’est plus dupe. Il a trop souffert des cycles de violence alimentés par des ambitions politiques égoïstes.
Aujourd’hui, l’heure n’est plus à la rébellion ni à la manipulation des groupes armés pour parvenir à la magistrature suprême. Le Congo aspire à la paix, au développement et à une gouvernance responsable. Joseph Kabila, s’il a encore une place dans l’histoire, devrait la chercher dans la rédemption et non dans la destruction. Car les Congolais, victimes des atrocités de l’AFC-M23, ne lui pardonneront pas un énième bain de sang orchestré au nom du pouvoir.
Christian Zeus Ilunga