RDC : L’anglais désormais épreuve obligatoire à l’Examen d’État dès 2026

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Dossier de Jonathan TSOBO DITUVANGA

L’Inspection Générale de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté vient de signer une note officielle instituant, à partir de la session 2026, une épreuve orale d’anglais dans toutes les options des humanités. Une décision saluée par certains comme un pas vers la modernisation du système éducatif, mais qui soulève aussi des interrogations sur sa mise en œuvre.

Une réforme dans l’air du temps

Dans son communiqué, l’Inspecteur Général Hubert KIMBONZA SEFU insiste sur la nécessité d’aligner le système éducatif congolais aux standards internationaux.

“La langue anglaise prend de plus en plus d’ampleur dans les domaines des affaires, de la science et de la technologie.
Sa maîtrise permettra à nos apprenants d’être plus compétitifs dans le monde du travail et de la recherche scientifique”, peut-on lire dans la circulaire n°2634/MINEDU-NC/IGE/2025.

L’anglais, déjà présent comme matière au secondaire, deviendra donc une épreuve officielle de l’Examen d’État, au même titre que le français. Les jurys seront organisés de manière similaire à l’oral de français, avec la même pondération et les mêmes barèmes de notation.

Entre ambition et réalités du terrain

Sur le fond, la mesure s’inscrit dans une logique d’ouverture et d’adaptation à un monde globalisé.
Mais sur la forme, plusieurs observateurs soulèvent des inquiétudes légitimes.
Le pays dispose-t-il des ressources humaines et matérielles suffisantes pour évaluer plus d’un million de finalistes chaque année en anglais oral ?
Les enseignants d’anglais sont-ils suffisamment formés pour garantir un examen équitable entre les provinces ?
Et qu’en est-il des écoles rurales où l’enseignement de cette langue reste souvent rudimentaire ?

Autant de questions qui appellent une planification rigoureuse.

Des défis structurels à relever

L’introduction d’une épreuve orale d’anglais implique :
~Une formation renforcée des enseignants sur les compétences d’expression et d’évaluation orale ;
~La disponibilité d’outils pédagogiques modernes (laboratoires linguistiques, enregistreurs, manuels adaptés) ;
~Un suivi régulier des inspecteurs pour uniformiser les pratiques d’examen à travers le pays.

Sans ces préalables, la réforme risque de creuser davantage l’écart entre les écoles bien dotées et celles en manque de moyens.

Perspectives et recommandations

Pour réussir cette transition, plusieurs pistes sont envisagées :
-Mettre en place des programmes de renforcement linguistique pour les enseignants avant la session 2026 ;
-Établir des partenariats avec les centres culturels anglophones (British Council, American Corner, etc.) ;
-Introduire progressivement l’évaluation orale dès la 5ᵉ année secondaire afin de préparer les élèves à l’examen national ;
-Digitaliser les épreuves orales dans les grandes villes pour plus de transparence et de fiabilité.

Un tournant stratégique pour l’éducation congolaise

Cette réforme s’inscrit dans une volonté politique de former des citoyens compétitifs et ouverts au monde. L’enjeu n’est pas seulement linguistique : il est économique, technologique et identitaire.
Faire de l’anglais une langue d’évaluation nationale, c’est affirmer la place du Congo dans un espace mondial où la communication et la science n’ont plus de frontières.

Mais entre la vision ambitieuse et la réalité du terrain, le succès dépendra de la rigueur, de la planification et de la volonté collective de faire de cette innovation un levier réel d’excellence éducative.

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