La terre tremble, non pas sous l’effet d’un séisme, mais au rythme saccadé des pioches et des barres à mine. À Tulizembe, au cœur de la province du Lualaba, le sol est fouillé depuis plus d’une décennie par des milliers d’hommes, armés de pelles tordues, de bottes usées et de brouettes brinquebalantes. Une image saisissante d’un labeur acharné dans une zone d’exploitation artisanale devenue, pour beaucoup, un refuge contre la misère.
Mais aujourd’hui, cette terre d’espoir vacille.
Un conflit interne à la tête de la coopérative COMIBAKAT oppose deux figures du leadership : le Directeur Général Alain Kapupa et son adjoint, Patrick Malandi. Ce dernier, accusé d’usurpation de pouvoir, aurait tenté de suspendre sans fondement le président du syndicat des creuseurs artisanaux du site, Monsieur Franck Yuma. Une décision vivement contestée par les travailleurs, qui y voient une manœuvre politique visant à museler les voix dissidentes.
Dans cette zone minière, plus de 20 000 personnes dépendent de l’activité extractive. Et pourtant, les querelles internes ont gelé les opérations. Les pioches sont à l’arrêt, la poussière s’estompe, et les visages se ferment.
“On ne peut plus avancer, tout est bloqué”, confie un creuseur au regard durci par l’effort et l’inquiétude. Derrière lui, les silhouettes courbées, les outils de fortune et le silence oppressant témoignent d’un site en crise.
Les appels à l’aide se multiplient. Les creuseurs implorent l’intervention urgente des autorités provinciales, en particulier celle de la Gouverneure Fifi Masuka Saïni, pour ramener l’ordre et garantir la survie d’un écosystème économique vital pour la région.
À Tulizembe, la tension est palpable. Les jeux de pouvoir et les rivalités internes ont transformé cette mine en véritable champ de bataille invisible, où les enjeux politiques prennent le pas sur la survie humaine.
Suspendu pour avoir osé dénoncer cette situation, Franck Yuma, président du syndicat des creuseurs, est aujourd’hui devenu la figure d’une révolte silencieuse. Il incarne le cri d’une communauté qui refuse de voir son avenir enseveli sous les gravats de l’ambition personnelle.
Car ici, dans ce sol où le cobalt se fait rare, la paix l’est encore davantage. Et pourtant, malgré les divisions, l’espoir demeure : celui que la terre, un jour, redevienne source de vie, et non de conflits.
Le tonnerre
