Arrêté samedi 27 juillet au Parquet de N’djili, pour des raisons jusqu’ici non élucidées, le poète et dramaturge Caillera Malafi Niamba, patron de la maison culturelle « Les Mwindeurs », située dans la même commune, a été , mardi 30, transféré à la prison centrale de Makala, pour un mois d’incarcération, le verdict rendu par le Tribunal des Grandes Instances de N’djili faisant foi.
La fin du délai de trois nuits qu’il a passées au parquet de Ndjili, a coïncidé, vers les après-midi de la journée de mardi ci-haut évoquée, avec l’arrivée du fourgon cellulaire qui l’a aussitôt embarqué, sans une autre forme de procès, avec d’autres détenus.
C’était pendant que l’avocat commis d’office à sa défense, qui est passé sous le voile de l’anonymat, était encore en pleine procédure d’interjection d’appel.
Les artistes piliers de l’entourage de Malafi se sont dit non d’accord avec cette condamnation à la peine de privation de sa liberté dont les raisons ont jusqu’ici l’air d’être entourées de zones d’ombre.
Ils s’étonnent de la vitesse avec laquelle la Justice a traité cette affaire.
Ils sollicitent pendant ce temps l’implication d’autres artistes, opérateurs culturels, et toute autre personne de bonne foi, dans les démarches qu’ils sont en train de mener, visant à permettre à Malafi de recouvrer sa liberté et, sortant, de revenir à ses »moutons » en sa qualité d’opérateur culturel.
Cette indésirable incarcération, faut-il le souligner, risque d’avoir parmi ses effets collatéraux : l’annulation des « Nuits de diseurs », un événement éco-poétique qu’il a l’habitude d’organiser chaque mois d’août, sur base des contes, poèmes et autres expressions autour du feu ; un peu un retour vers les racines ancestrales.
Pour cette année ce grand rendez-vous culturel est prévu du 2 au 4 août à Zongo, dans la province touristique du Kongo Central.
Donc la Justice a, sans doute, tout à gagner et rien à perdre à libérer illico presto ce grand défenseur et promoteur de la culture congolaise.
Le maître d’oeuvre de la maison culturelle « Les Mwindeurs », avait au préalable signé des contrats avec des partenaires techniques et financiers, dont des étrangers, pour la tenue de cette 3è édition des Nuits de diseurs.
Donc le maintenir captif jusqu’à demain, c’est dénigrer le sérieux de la RDC, selon l’approche inductive, vis-à-vis de l’Extérieur.
Ce sera en même temps poser la pierre inaugurale de l’anéantissement de la civilisation congolaise.
La civilisation, en notre sens, c’est l’ensemble d’individus qui ont en commun et en partage les mêmes éléments socio-culturels, politiques et technologiques.
Le Procureur Général, l’OPJ, l’avocat, le Ministre de la Culture, celui de la Justice, le poète, le fonctionnaire et tous les autres, font tous partie de ces individus.
En termes clairs, sans la culture, un pays, quelque soit son développement socio-économique, on ne parlera jamais de sa civilisation.
Donc, qu’il plaise à la Justice congolaise de ne pas retenir captive la culture de son pays.
Saint-Germain Ebengo
