
Egalité des genres, mais quel genre d’égalité ?
Nous sommes en plein printemps du mois de mars, mois consacré à la femme à travers tous les pays du globe, avec en exergue, comme chaque année, la date du 8 mars dont la célébration est voulue cette fois-ci sous le thème ‘’égalité aujourd’hui pour un avenir durable’’.
Cependant l’aspiration à l’égalité fait en premier lieu penser à ses trois composantes de base que sont égalité juridique, égalité politique et égalité sociale.
Par ailleurs, nous savons que lorsque la femme parle de l’égalité, elle vise de prime abord l’accès aux instances de prise des décisions.
Ce qui nous rappelle la Déclaration universelle des droits de l’homme, en particulier dans son article 21 alinéa 2 où il est stipulé : toute personne a droit à accéder, dans les conditions d’égalité, aux fonctions publiques de son pays.
D’après Platon dans son 5e dialogue, il faut que les femmes aient les mêmes occupations que les hommes.
Or, il existe dans la vie en société plusieurs occupations parmi lesquelles celles qui ne sont pas jusqu’ici arrimées aux instances de prise de décisions. Parce que, ces mêmes femmes qui sont à la cherche de l’égalité les ont abandonnées à l’homme au point que les mots qui les représentent ont l’air d’être devenus inféminisables : barbier, cordonnier, menuisier, maçon, briquetier.
Ce thème nous renvoie à ce niveau à la notion de la féminisation qui se veut l’augmentation de la proportion des femmes dans un groupe social ou professionnel donné.
Pour la petite explication, la féminisation des noms de métiers est un ensemble de procédés linguistiques qui consiste à expliciter la présence des femmes dans les secteurs du travail.
Or il n’y a aucune raison de féminiser les mots qui désignent des fonctions ou des métiers qui ne sont pas féminisables jusqu’à présent, à cause, entre autres, comme souligné ci-haut, de leur abandon par la femme qui les trouve minables par comparaison avec ceux qui lui permet d’avoir du prestige dans la société.
Elle préfère qu’on l’appelle par apposition, liberté de choix oblige, femme journaliste, femme docteur ou encore professeur femme.
C’est pendant qu’il existe ces métiers, comme ci-dessus évoqués, dont les termes sont restés jusqu’ici difficile à féminiser.
Selon Flora Tristan, ‘’les femmes de Lima gouvernent les hommes parce qu’elles leur sont bien supérieures en intelligence et en force morale’’.
Malek Chebel, écrivain marocain, lui parle plutôt de la femme, bien que de façon un peu implicite, comme ayant quitté le degré de la féminité qu’il dit correspondre à l’accentuation des caractères dans un rapport de différenciation par rapport à l’homme, aussi bien au plan psychologique que du comportement, pour atteindre celui de la féminitude qu’il définit comme étant le passage du stade de la femelle-femme à celui de l’individu-femme.
Pour Louis Aragon, ‘’la femme est devenue l’avenir de l’homme’’.
L’étape actuelle de la femme fait tomber en discrédit tous ces anciens préjugés sur le rapport d’excellence de l’homme à la femme, préjugés qui ont été produits par les coutumes, les systèmes politiques et les religions d’anciens peuples.
Dans les vestiges de ce discrédit, il faut citer la religion chrétienne qui a longtemps établi une supériorité réelle dans l’homme bien qu’en conservant en même temps à la femme les droits de l’égalité.
Cette égalité, faut-il le dire à haute voix sans se voiler la face, on ne la trouve guère chez les femmes entre elles chez qui vous découvrez toutes toutes sortes de diversités : femme à tout faire, femme au foyer, femme d’affaires, femme d’Etat, femme d’honneur, femme de chambre, femme de journée, femme des lettres, femme de mauvaise vie, femme de petite vertu, femme de ménage, femme de peine, femme de rien, femme de tête, femme facile, femme fatale, femme légère, femme forte, femme politique, femme publique, femme-objet…
D’où la question de savoir : ‘’Egalité des genres oui, mais c’est quel genre d’égalité ?’’
Ce qui revient à dire que c’est par euphémisme que l’on définit le féminisme comme étant mouvement revendicatif avec comme objet la reconnaissance ou l’extension des droits de la femme dans la société.
En ce qui concerne l’avenir que poursuit la nécessité que soit mise en place la tant vantée égalité, Pierre Louis le définit comme quelque chose qui appartient à ceux qui savent le prédire. L’écrivain français ajoute qu’il est question à la fois de se reformer et de se conformer à l’évolution lente et irrésistible des sociétés en marche…
‘’Les hommes peuvent parfois changer l’avenir, mais jamais le passé’’, souligne Alexandre Dumas comme pour prédire qu’il est possible que cette égalité que la femme recherche aujourd’hui nous amène à un futur qui ne sera jamais éphémère.
‘’Seul l’avenir pourra résoudre ce problème’’, nous rassure Dieudonné Costes.
Saint-Germain Ebengo