Tshopo : une étude au cœur de la riposte contre la mpox

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Dans la province de la Tshopo, la mpox anciennement connue sous le nom de variole du singe, continue de sévir depuis plus de trois ans. Malgré les efforts conjoints du ministère de la Santé et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la maladie reste solidement ancrée dans la région. Sur les vingt-trois zones de santé que compte la province, vingt et une sont aujourd’hui touchées, soit près de 91 % du territoire sanitaire.

Cette épidémie ne vient pas seule. Elle s’ajoute à une série d’autres urgences sanitaires telles que la méningite, le choléra, le paludisme, la rougeole ou encore la fièvre jaune. Un enchaînement d’épreuves qui met à rude épreuve un système de santé déjà vulnérable, confronté à des défis logistiques, financiers et humains majeurs. Face à cette situation, la Tshopo s’impose comme une priorité nationale en matière de riposte.

C’est dans ce contexte qu’a été lancée une étude pluridisciplinaire, coordonnée par l’Université de Kisangani, à travers la Faculté des sciences sociales, administratives et politiques. Placée sous la direction du professeur Justin Kyale Nkoy, chef du département d’Anthropologie, cette recherche bénéficie de l’appui technique et financier de l’OMS.
Son objectif : comprendre les réalités sociales, culturelles et psychologiques qui influencent la perception et la gestion de la maladie au sein des communautés locales.

L’étude couvre l’ensemble des vingt-quatre zones de santé de la province, mais six d’entre elles ont été retenues pour les enquêtes de terrain, sur la base de critères liés à la situation épidémiologique, à l’accessibilité, aux contraintes sécuritaires et au budget disponible. En combinant plusieurs approches documentation, entretiens, groupes de discussion et observation directe les chercheurs ont pu recueillir la parole de 292 participants issus de communautés affectées par la mpox et d’autres urgences de santé publique.

Les premiers résultats dressent un constat sans appel : la compréhension de la maladie demeure incomplète. Beaucoup de citoyens peinent encore à identifier les symptômes, à saisir les causes réelles de la contamination ou à adopter les bons gestes de prévention. Ces lacunes s’enracinent dans un contexte culturel riche, où les croyances traditionnelles et les interprétations mystiques cohabitent avec la médecine moderne. Dans plusieurs localités, les habitants continuent de recourir simultanément aux soins traditionnels et aux structures sanitaires officielles, ce qui complique la coordination de la riposte.

Derrière ces réalités se dessine un besoin profond : celui d’une approche de santé publique qui parle le langage des communautés, qui comprend leurs codes et respecte leurs croyances. Les chercheurs soulignent ainsi l’importance d’un dialogue permanent entre les acteurs de la santé, les autorités locales, les chefs coutumiers et les leaders religieux. Lutter contre la mpox, c’est aussi rétablir la confiance, rapprocher les services des populations et bâtir une riposte sensible à la dimension humaine de la maladie.

Au-delà des aspects médicaux, cette étude ouvre une réflexion plus large sur la manière d’intégrer la psychologie, la sociologie et l’anthropologie dans la gestion des crises sanitaires. Car comprendre la peur, les rumeurs et les pratiques locales, c’est déjà renforcer la prévention.

À Kisangani, les équipes de recherche et leurs partenaires misent désormais sur une approche participative et inclusive, où chaque communauté devient actrice de sa propre protection.
La riposte à la mpox dans la Tshopo ne peut se limiter à la distribution de médicaments ou à la mise en quarantaine des malades. Elle doit avant tout être humaine, culturelle et durable une riposte qui soigne, mais aussi qui écoute et comprend. Jonathan

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