Docteur Eugene Kongnyuy favorable à une population chiffrée en République Démocratique du Congo
Docteur Eugène Kongnyuy a été l’invité d’honneur de Mathias Gillmann, lors de la conférence de presse des Nations Unies du mercredi 13 juillet 2022, en sa qualité de Représentant pays du Fonds des Nations Unies pour la Population.
Ses propos à l’intention de la presse ont fait mention du mois de novembre 2022 comme étant celui au cours duquel la population mondiale va atteindre 8 milliards d’habitants.
L’homme a circonscrit son discours sur le cas de la République Démocratique du Congo qu’il a déploréeêtre un pays jusqu’ici sans recensement, mis à part celui qui de 1984, année à l’issue de laquelle la population congolaise de ce côté-ci du fleuve fut évaluée à 30 millions d’habitants. Ce qui fait 38 ans de non-recensement chez nous.
A en croire le Représentant pays de l’UNFPA, les données les plus importantes à l’heure actuelle pour la RDC, ce sont les recensements.
‘’Je confirme quand même que le gouvernement est en processus de faire le recensement général de la population en République Démocratique du Congo. Le processus est en cours, mais il faut qu’on arrive à la fin, qu’on connaisse les chiffres de la population’’, s’est-il préoccupé.
Foi sur ses calculs de démographe, les projections faites à partir de la dite année 1984, montrent qu’en 2020, la population congolaise était à 98,3 millions d’habitants.
‘’Si cette démographie continue en 2050, la population de la République Démocratique du Congo sera à 278 millions d’habitants’’, a-t-il évalué.
Après avoir confirmé son assertion relative à l’importance que revêtent les données démographiquespour un pays, Docteur Kongnyuy propose en même temps que nous allions au-delà des chiffes.
Par ‘’aller au-delà des chiffres’’, le Docteur veut tout simplement dire que la RDC se doit d’investir dans le capital humain.
‘’Quand je dis capital humain, c’est l’éducation, la santé, la planification familiale, la prévention des violences basées sur le genre tel que le mariage précoce, c’est s’assurer que la population, surtout les jeunes et les femmes aient un emploi, en tenant compte des populations plus marginalisées que sont les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les personnes avechandicap et les migrants aussi’’, a-t-il explicité sa pensée.
Docteur Kongnyuy propose donc des politiques centrées sur les populations qui sont actrices de changement. Il a souligné en même temps la nécessité que soit mis en place un système économique qui soitadapté aux besoins des populations plutôt que modifier la démographie pour s’adapter à ce système économique.
Il est question ici, si nous l’avons bien compris, que soit établi un parfait équilibre entre les mesures démographiques et les mesures économiques.
Docteur Kongnyuy n’a pas laissé de côté la question de la résilience démographique. Pour lui, le chemin le plus sûr vers la résilience démographique est fait des droits et des choix des individus en matière de santé de reproduction. Le démographe onusien veut par là parler de l’usage optimal de la courbe démographique.
‘’La seule chose qui va assurer une résilience démographique, c’est avoir droit aux services de santé de reproduction, surtout à la planification familiale. L’absence de planification familiale, c’est une violation des droits humains. De même, forcer les gens à avoir la planification familiale, c’est une violation des droits humains. Donc, ça doit être un choix libre des populations de décider du nombre d’enfant qu’elles veulent avoir’’, a-t-il éclairci.
Au regard de notre préoccupation de chercher à savoir ce que nous pouvons attendre du Fonds des Nations Unies pour la Population en lien avec la tenue des élections qui se profilent à l’horizon 2023 chez nous, et qui ont parmi leurs préalables le recensement de la population, le Représentant pays de l’UNFPA en République Démocratique du Congo se dit être bien au courant de ces échéances et a fourni, à cet effet, des explications claires :
‘’Il faut distinguer entre trois types de recensement. Il y a le recensement électoral, c’est la CENI qui est responsable, et je pense que le processus durecensement électoral est en cours. L’UNFPA n’est pas responsable.
Le deuxième type de recensement, c’est le recensement général de la population et de l’habitat. Ça, c’est l’INS – Institut National des Statistiques – avec le Bureau Central du Recensement, un organe de l’INS, qui est responsable.
Nous souhaiterions avoir le décaissement des fonds, parce que le gouvernement a mis les fonds cette année [à la disposition] du BCR, Bureau central de recensement, que les fonds soient décaissés et que le processus soit accéléré pour qu’on puisse avoir ces données de recensement.
C’est là où l’UNFPA appuie pour avoir ce recensement général de population, qui ne dépend pas d’une élection. Ça peut venir avant ou après, ça n’a pas de connexion. Mais avec les élections, ça peut un peu bouleverser – les gens seront concentrés sur l’élection au lieu de faire le recensement.
Et le troisième type de recensement, c’est le recensement administratif qui s’organise pour l’octroi des cartes d’identité. Ce n’est pas non plus ce que l’UNFPA fait : l’UNFPA est pour le recensement général de la population et de l’habitat. Donc dans cesens, ça ne va pas interférer les élections’’.
Saint-Germain Ebengo