
Kinshasa, le 6 novembre 2025 —
La course à la présidence de l’Assemblée nationale vient de franchir une nouvelle étape décisive.
L’Union sacrée de la Nation (USN) a officialisé ce jeudi la candidature d’Aimé Boji Sangara, ministre sortant du Budget, au perchoir de la chambre basse du Parlement.
Un acte politique hautement symbolique qui relance les calculs, révèle des équilibres internes et interroge la stratégie de cohésion au sein de la majorité présidentielle.
Une candidature de continuité et de confiance
Aimé Boji Sangara n’est pas un inconnu dans les arènes du pouvoir. Ministre du Budget depuis le début du mandat du Président Félix Tshisekedi, il a su se forger l’image d’un technocrate rigoureux, discret mais influent.
Sa candidature, portée par l’USN, traduit un choix de stabilité et de fidélité à la vision présidentielle : celle d’une gestion rationalisée des institutions, dans la continuité du programme de transformation amorcé depuis 2019.
Mais derrière cette façade de sérénité institutionnelle, le geste est profondément politique. Il s’agit pour le Chef de l’État et sa coalition de consolider une majorité parlementaire encore traversée par des courants d’intérêt, des ambitions personnelles et parfois des frustrations régionales.
Les enjeux d’équilibre au sein de l’Union sacrée
La désignation d’Aimé Boji intervient dans un contexte où l’USN cherche à éviter toute fissure interne.
En effet, plusieurs figures influentes de la coalition espéraient aussi briguer la présidence de l’Assemblée nationale, notamment au nom d’un équilibre géopolitique entre provinces, ou d’une meilleure représentativité des différents blocs de la majorité.
Le choix de Boji, originaire du Sud-Kivu, envoie donc un signal fort : celui d’un pouvoir qui veut préserver l’unité en privilégiant la compétence et la loyauté plutôt que les arrangements circonstanciels.
Cependant, cette démarche devra être accompagnée d’un travail de cohésion en profondeur, pour éviter que les frustrations n’affaiblissent la dynamique parlementaire à venir.
Une nouvelle phase politique s’ouvre
Si la candidature d’Aimé Boji est validée par le Bureau de l’Assemblée, elle pourrait marquer le début d’une nouvelle ère de gouvernance parlementaire, où la discipline politique et la gestion stratégique des priorités nationales deviendraient les maîtres-mots.
Sa proximité avec la Présidence et sa réputation d’homme de dossiers pourraient contribuer à accélérer les réformes budgétaires et économiques, notamment celles liées à la bonne gouvernance et à la transparence financière.
Mais cette proximité pose aussi la question de l’autonomie du pouvoir législatif, un débat récurrent dans le système politique congolais. Le prochain président de l’Assemblée devra démontrer sa capacité à assumer la loyauté sans subordination, à défendre le programme du Chef de l’État sans sacrifier le rôle de contre-pouvoir.
Perspectives et propositions
-Renforcer la cohésion interne de l’USN :
La majorité doit anticiper les rivalités internes en instaurant des mécanismes de concertation réguliers entre les regroupements politiques membres.
-Moderniser la gouvernance parlementaire :
La présidence de l’Assemblée nationale devrait impulser une réforme de la production législative et du contrôle parlementaire, aujourd’hui souvent perçus comme formels.
-Consolider le lien institutionnel avec le gouvernement :
Un dialogue permanent entre le Parlement et l’Exécutif favoriserait la mise en œuvre plus fluide des réformes issues du programme du Chef de l’État.
-Réaffirmer l’indépendance du pouvoir législatif :
La légitimité de l’Assemblée dépendra de sa capacité à légiférer avec rigueur et à rendre compte aux citoyens, au-delà des lignes partisanes.
En conclusion
La candidature d’Aimé Boji Sangara symbolise une tentative de maturité politique au sein de l’Union sacrée : celle d’un pouvoir qui cherche à concilier efficacité institutionnelle et stabilité interne.
Mais pour que cette démarche produise ses effets, il faudra dépasser la logique des positionnements individuels pour rebâtir une Assemblée nationale crédible, dynamique et véritablement au service de la République.