RDC : Crise interne au sein du M23 en raison du non-paiement des combattants

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Alors que le mouvement rebelle du M23 tente de projeter une image cohérente et organisée, des tensions internes révèlent une réalité bien différente. Selon des sources proches du groupe armé, une crise financière et des inégalités de traitement entre combattants exacerbent les divisions entre les nouvelles recrues congolaises et les troupes rwandaises opérant en RDC.

Des combattants impayés et désabusés

D’après plusieurs témoignages, la majorité des recrues congolaises n’ont jamais reçu de solde depuis leur engagement. Alain Mushagalusha, un jeune enrôlé originaire du Sud Kivu, affirme s’être échappé du groupe après avoir compris qu’il ne percevrait aucune rémunération.

« Depuis le centre de formation jusqu’au jour où je me suis enfui, je n’ai jamais reçu un seul rond. Les troupes rwandaises sont bien équipées et payées, alors que nous sommes laissés pour compte », témoigne-t-il.

Les conditions de vie des recrues congolaises sont décrites comme précaires : mal nourries, soumises à un travail épuisant et contraintes, selon plusieurs sources, de participer à des pillages de biens civils.

Des tensions accrues entre combattants

Les disparités entre forces rwandaises et unités congolaises alimentent le mécontentement. Selon des habitants de Goma et Bukavu, les combattants venus de Bunagana et Rutshuru se plaignent de ne pas être payés, alors que les forces spéciales rwandaises perçoivent régulièrement leurs soldes.

Un témoin anonyme indique :

« Tout l’argent collecté aux postes frontaliers et via d’autres taxes est envoyé au Rwanda. Ce sont les Rwandais qui gèrent cela, et c’est pourquoi les combattants congolais ne reçoivent rien. »

Un recrutement fondé sur la manipulation

Le recrutement des jeunes combattants congolais repose souvent sur des promesses fallacieuses. Dans plusieurs localités de l’Ituri, des recruteurs, citant notamment Thomas Lubanga, ont convaincu des jeunes qu’ils allaient travailler en Ouganda. Avant leur départ, chaque recrue recevait 80 000 FC (environ 28 USD), mais une fois arrivés à Bunagana, ils étaient redirigés vers des camps d’entraînement militaire au lieu d’un emploi promis.

Cette stratégie illustre une politique de manipulation visant à renforcer les effectifs rebelles tout en favorisant les troupes rwandaises, qui bénéficient d’un meilleur traitement.

Ainsi, derrière la façade de puissance affichée par le M23, des tensions internes et un sentiment d’abandon généralisé mettent en péril la cohésion du groupe, laissant entrevoir des fractures qui pourraient fragiliser son influence sur le terrain.

Christian Zeus Ilunga

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