

Notre article du 25 juin sur la mesure prise par madame la Gouverneure de la Banque Centrale du Congo de dédollariser les TPE, entendez : Terminaux de Paiement Électroniques a défrayé la chronique jusqu’à se faire l’objet de plusieurs réactions de la part de nos fervents lecteurs disséminés à traves les quatres vents du globe.
Parmi ces réactions, riches en observations, il y a eu celle d’un analyste économiste bancaire congolais qui a fait le choix de passer sous le voile de l’anonymat.
Cet homme, qui est en plus observateur des comportements sociaux, son point de vue a été celui qui a le plus enrichi notre compréhension.
C’est en sa qualité d’économiste, bancaire de surcroit, qu’il a parlé.en long et en large de cette mesure de madame la Gouverneure.de la Banque Centrale du Congo comme étant très salutaire pour la »sauvegarde » du Franc congolais, mais seulement, voilà !, il y a chez eux, à la BCC, absence notoire d’une politique communicationnelle, qui n’a pas livré assez d’informations sur la chose.
Voilà ce qui justifie la réaction du public par rapport à cette mesure.
Foi sur ses propos, cela relève simplement du fait de non encadrement de la population par une communication structurée.
» Voilà pourquoi le peule se laisse aller par les rumeurs de la rue où il se permet de réagir par ce qu’on appelle de la spéculation anticipative », a-t-il fait remarquer.
»En tant qu’économiste bancaire, je peux vous rassurer qu’en instituant la configuration des Terminaux de Payement Electeoniques en CDF, la BCC ne vise en rien la dédollarisation de l’économie du pays.
Madame la Gouverneure sait très bien que l’économie congolaise est extravertie et que les 90% des transactions commerciales chez nous se dénouent toujours en dollars », a-t-il tiré les choses au clair avant d’approfondir :
»Il serait très difficile de dédollariser sans passer par la croissance de la production interne et créer une offre qui soit compatible avec le niveau de pouvoir d’achat de la population ».
Notre lecteur précise et clarifie que cette mesure vise bien au contraire à accroître les besoins en Francs Congolais afin que soit fait face à certaines transactions ciblées.
Il se pose à ce effet la question de savoir : « À quelle population cible est destinée cette mesure?
Dans sa réponse à cette question, il souligne que la mesure vise exclusivement les usagers des terminaux de paiement électroniques, ci-haut évoqués, lesquels servent pour l’État, d’instruments de collecte de recettes.
Il y a parmi eux, à l’en croire, entre autres, les Stations de distribution de carburant, les Super-marchés, les Shops et les restaurants de haut standing, à savoir les Hôtels de classe de 3 à 5 étoiles.
« Puisque, explique-t-il, ce sont ces catégories d’opérateurs économiques qui disposent de ces machines comme un des moyens de paiements, il faut donc les contraindre à avoir des comptes en CDF de sorte qu’ils ne s’adressent qu’aux banques pour la conversion de leurs recettes en dollars, dans le cadre du renouvellement de leurs stocks, à l’extérieur du pays », a-t-il levé l’équivoque.
» La question subsidiaire qui découle de la première est celle de savoir : « Qui va acheter avec carte bancaire CDF ou USD chez ces détenteurs des Super-marchés, Hôtels restaurants et autres ?
La réponse qu’il fournit à cette question met en exergue tout celui qui accuse un niveau de pouvoir d’achat assez acceptable.
» Donc, ceux-ci aussi devraient se munir des comptes CDF aussi garnis afin de supporter les coûts de leurs besoins », a-t-il surenchéri avant de nous ramener à la raison :
« Comme vous pouvez le constater, la mesure est simplement incitative et vise à accroître la préférence de la monnaie locale par rapport au dollar ».
À mieux l’entendre, il n’est donc pas question dans la mesure de madame la Gouverneure de viser la dédolarisation de l’économie, car, foi sur la riche explication de cet expert riche en contenu, toutes les importations…se passent en monnaie américaine ».
» Si c’était le cas, il aurait fallu alors demander aux banques établies chez nous de configurer leurs ATM, entendez : distributeurs automatiques d’argent, uniquement en CDF, puisque c’est là qu’on retire les dollars », a-t-il renforcé son argumentaire.
» Ensuite, cette mesure vise à sécuriser le consommateur congolais qui, chaque fois qu’il se présente dans un super-marché, où les prix sont affichés en CDF, il subit une double perte de change », a-t-il une fois de plus argumenté.
À mieux prêter foi à son savoir en la matière, la Banque Centrale ne peut demander la configuration des ATM totalement en CDF que lorsque en amont une bonne politique budgétaire est observée.
C’est alors qu’il va prêcher par un exemple. C’est celui de la Zambie qu’il présente comme ayant déjà réussi avec cette mesure.
» Vous pouvez entrer en Zambie avec une Master card configurée en USD, et aucune ATM ne vous remettra des USD. Elle vous sortira plutôt les kwachas Zambiens à un taux déjà affiché », a-t-il étayé son exemple.
L’homme nous fait savoir que le travail du gouvernement à travers son ministre des finances est d’abord sollicité en amont, avant que la banque centrale n’impose certaines mesures dans le cadre de la réponse ou accompagnement de la politique budgétaire du pays.
Parlant de la fonction du cambiste, il déplore le fait que cela ne soit pas encadrée, l’économie du pays evoluant à 85% dans l’informel.
« Il est donc tout à fait normal que ses réactions soient observées. Qu’il suffise qu’on encadre la fonction du cambiste et qu »on oblige tous les hommes d’affaires congolais d’évoluer dans le formel, avec derrière eux une brigade de contrôleurs économiques, pour que les choses se remettent en place », a-t-il révélé en proposant en même temps l’application des sanctions dissuasives en la matière.
« Toutes les mesures de stabilisation monétaire tiennent compte de deux paramètres, à savoir, d’un côté, le paramètre politique monétaire sur laquelle la compétence d’action revient à la Banque centrale et, de l’autre, la
Politique Budgétaire qui est sous la compétence du Gouvernement central.
En ce qui concerne la politique monétaire, a-t-il souligné, la Banque Centrale cherche en principe un équilibre, quelque instable soit-il, entre la masse monétaire en circulation et le niveau de l’offre de biens et services en proposition.
« Bref, la Banque Centrale cherchera constamment à faire coïncider les moyens des paiements au niveau de l’économie globale du pays. Sur cet aspect, elle dispose de plusieurs leviers, notamment : le gel, l’accroissement de l’usage de la planche à billets ainsi que le contrôle des masses monétaires en circulation. Il y a tout un débat là dedans », a-t-il parlé.
Toutefois, pendant ce temps, faut-il le remarquer, le taux du dollar continue son »auto-réajustement vers la hausse.
Le Tonnerre